Des noces de l’Écriture avec l’Art naît le Livre, enfant plein de séduction, ange ou démon, aux pouvoirs illimités, magiques car porteur de l’Esprit, concentré et fixé dans la Beauté.
Il s’agit là d’une fusion véritablement alchimique en ce sens qu’elle réalise l’union intime de deux principes de natures opposées, volatile pour l’Esprit, et fixe pour le support matériel.
Alain de La Bourdonnaye qui se qualifiait d’Artisan–Architecte du Livre aurait pu tout autant se prévaloir du titre de géniteur-alchimiste. Le Livre constitue une chose double, comme le Rebis des alchimistes qui doit donner naissance à cette Pierre philosophale dont Alain fit un jour un portrait imaginaire.
S’il fut, toute sa vie, tiraillé entre ses aspirations vers l’absolu et ses penchants fantasmagoriques, Les Visions hermétiques de Clovis Hesteau de Nuysement (1987), au centre – pour ne pas dire au sommet – de son œuvre, illustrent ce processus de transformation des contraires et « les correspondances mystérieuses entre toutes les portions de l’univers visible et invisible », selon ses propres mots, et dont La Vision d’Ézéchiel, son dernier livre, n’est que la version transcendantale.
Christian Ficat